Les testaments trouvés dans les archives de la fabrique sont empreints d’un grand esprit de Foi et de piété. En 1609, le sieur de la Touche, après les préambules d’usage, « recommande son âme à Dieu, à la Benoite Vierge Marie, à Monsieur Saint Michel, à Monsieur Saint Pierre, à Monsieur Saint Paul, à Madame Sainte Magdelaine, à Madame Sainte Barbe et à tous les Saints et Saintes du Paradis.
Les chrétiens veulent s’assurer des prières après leur mort : ils constituent alors par testament des Rentes dont l’affectation est précise[1].
- Voici Catherine Ravé, veuve de René du Goutil, parents et héritière du curé Jean Lamberdière, propriétaire de Marche, domiciliée au lieu de la Bretonnière, paroisse de Grazay. Elle signe une « Reconnaissance d’une rente de 6 livres due au Rozaire et au Saint Sacrement de l’église de Champgenêteux, en exécution du testament de Messire Jehan Lamberdière, à payer à Messire Talloys curé dudit Champgenêteux ». Novembre 1650
Le testament de Jeanne Lemarchand, défunte en 1665, déclare assurer à perpétuité, au sieur curé de Champgenêteux une rente de 60 sols, assise sur la ferme du Bouillon à Loupfougères : pour un « Subvenite[2] » à chanter en l’église de Champgenêteux.
Le curé de Lamberdière, lui aussi ne désire pas rester trop longtemps au purgatoire[3] : « après avoir affecté 50 livres aux religieux de Saint François de Laval, pour 100 messes aux autels privilégiés de leurs église, demande qu’un « Subvenite » avec l’oraison soit célébré sur sa fosse chaque dimanche à perpétuité (sans oublier que le cimetière entourait l’église). Pour cela, le curé recevra 60 sols d’une rente assise sur les habitants de la paroisse, lesquels sont débiteurs envers lui d’une somme de 60 livres. Une livre pouvait valoir environ 1 franc. Il faut savoir que dans cet ancien temps, un ménage de 2 personnes pouvait vivre avec seulement 1 franc par jour.
Ses domestiques devront prier pour lui :
A Julianne Duval, servante domestique au presbytère, il laisse la somme de 4 livres et la tient quitte d’une somme de 20 sols qu’elle lui doit ;
A René Duval, domestique, la somme de 100 sols afin de les obliger à prier Dieu pour lui.
Une rente de 30 livres pour le pauvre de ses parents, à prendre sur les habitants sur les bâtiments du presbytère. D’autre rente encore pour un chapelain dont la fonction sera de célébrer les messes léguées et d’instruire les écoliers de Champgenêteux. Les prêtres ne pourront pas empêcher le chapelain de recevoir de ses écoliers gages honnêtes ».
Cette école appelé collège se tint dans la maison proche du presbytère, elle devait se transporter à la Davière, lors de l’arrivée des Sœurs de Madame Tulard (sœur d’Evron). Les exécuteurs testamentaires sont : Messire Jean Pottier curé de Champgenêteux et Honorable Maitre Jean Perronnet avocat à Mayenne. Les Témoins, Jean Thuault Maitre chirurgien, René Laigneau tailleur d’habits demeurants à la Chapelle au Riboul, lequel Laigneau déclare ne savoir signer. Fait devant Maitre Gibon notaire en 1650.
- Voici un autre testament. Il est intéressant au point de vue du souci spirituel qu’il exprime :
« In Nomine Domini – Amen
Aujourd’hui 9e jour du mois d’avril 1736 sur le midy, nous François Julliot, notaire royal du Maisne, en la résidence d’Averton, nous sommes transportés au village de la Poirière, paroisse dudit Averton à la prière de Gervais Gautier bordager[4], lequel nous avons trouvé gisant au lit malade, néanmoins sain d’esprit et d’entendement.
Lequel sachant que la mort est certaine et de rien de plus incertain que l’heure d’icelle et craignant d’en être surpris sans auparavant avoir mis ordre à ses affaires spirituelles et temporelles a voulu faire le présent testament ainsi qu’il suit : En Premier, a recommander son âme à Dieu le Père tout puissant et l’a prié qu’aussytot après sa séparation d’avec son corps, il lui plaise par les mérites infinis de Nostre Seigneur Jésus Christ son fils, la place au rang de celles des bienheureux, et pareillement prié la Sainte vierge, Saint Gervais son bon patron et tous les Saints et Saintes de la cour céleste d’intercéder pour luy.
Veut et entend le testateur qu’aussytot que son âme sera séparée de son corps, son dit corps présent s’il est possible, soit célébrer en l’église de dite paroisse, un service en trois messes chantées, précédées de vigille des morts avec les cérémonies ordinaires.
Ensuite qu’il soit célébré un huitain et septime, et qu’il soit fourni un petit luminaire de cire jaune du plus modique prix ; que le jour de son inhumation, il soit délivré aux pauvres de paroisse et autres qui assisteront à son enterrement, trois demeaux de bled seigle convertis en pain… Et pareille quantité le jour de sa septime pour les engager à prier Dieu pour le repos de son âme.
Pour lesquels services ci-dessus le testateur lègue la somme de 150 livres qui sera prise ainsi que les 6 demeaux de bled sur les plus claire deniers de sa succession, et comme ladite somme de 150 livres excédera le prix des honoraires des services et sépulture, le testateur veut que le surplus de ladite somme toit converty en messes basses qui seront dites et célébrées aussytot après son décès pour le repos de son âme, de ses parents et amys trépassés.
Ensuite de quoi ledit testateur… a prié Maitre Jean le Bounnoust titulaire de la chapelle Bouillant, à ce présent, de vouloir bien être son exécuteur testamentaire… le dit sieur Gautun a déclaré ne savoir signer. (Archives Marche 879)
- Voici plus vieux, un autre testament : c’est celui d’un LIVET, de Champgenêteux, vers 1670.
Il lègue une somme de 100 sols de rente pour l’entretien de la Messe di Saint Sacrement célébrée tous les jeudis de chaque semaine dans l’église Champgenêteux affecte 10 boisseaux de blé-seigle, selon la mesure de Mayenne, pour être donnés à vingt pauvres de la paroisse pour prier Dieu pour le repos de son âme.
Ses exécuteurs testamentaires sont : son fils François Livet, demeurant au château de Furret, à la Bazouge des Alleux ; le sieur Guesné, prestre vicaire demeurant au bourg de Champgenêteux ; une fille Livet, mariée à Laurent Lefebvre. Il leur laisse à chacun, une somme de 4150 livres, plus 90 livres pour la jouissance du lieu métairie de la Gougeonnière, avec recommandation de prendre soin de Joseph Livet, leur frère.
Les témoins sont François Lemarchand sous diacre ; Simon Gouteloup chirurgien et Jean Laigneau laboureur.
Un codicille du 4 Mai 1670 demande qu’il soit prélevé sur les rentes ci-dessus une somme de 30 sols par an, pour une place de banc en l’église de Champgenêteux, au lieu où a été inhumé Catherine Martinière, de son vivant, épouse de François Livet sieur de la Chéronnière.
Fait au bourg de Champgenêteux, maison du sieur de la Chéronnière.
Jean GILLOT Notaire.
[1] C’était un temps où l’argent conservait sa valeur, où l’indice des prix ne variait pas. [2] Connu pour être un chant de sépulture. [3] Selon la Théologie catholique, il s’agit d’un lieu où les âmes des justes expient pour se purifier de leurs péchés avant d’accéder au paradis. [4] Étaient sous l’Ancien régime, des cultivateurs avec une petite exploitation d’environ 10 ha. Elle permettait juste de vivre, c’était une borderie. Ce terme était utilisé principalement dans le Maine, puis en Anjou, ou encore le Perche.
Comments